Ivry-sur-Seine 05.04.1916 – Bondy 29.04.1981

Manœuvrière journalière, puis femme de service aux écoles et au dispensaire du Blanc-Mesnil. Militante FTP et résistante communiste, elle rejoint en tant que agent de liaison le groupe FTP-Paris Sud d’Epstein et le Groupe Spécial d’Exécution de Roeckel. Déporté au camp de Ravensbrück, à son retour est élue conseillère du Blanc-Mesnil.

Fille d’Albert Émile B., couvreur-plombier, et de Marie Philomène Fender, sans profession, elle grandit dans un milieu ouvrier. En 1924, la famille s’installe rue Montillet au Blanc-Mesnil, elle est l’aînée de la fratrie, son frère André et sa sœur Odette. Dès l’âge de 16 ans, elle travaille comme manœuvrière journalière à Pantin. À partir de 1936, elle occupe un poste de femme de service dans les écoles, puis au dispensaire du Blanc-Mesnil. Vers 18 ou 19 ans, l’adhésion aux Jeunes Filles de France (JFF) ouvre la voie à un engagement militant, qui la conduit à assurer la trésorerie de la région Paris-Nord en 1937-1938. Le 8 mai 1937, elle épouse William Sylvain MAIRESSE, manœuvre au dépôt de la Plaine Saint-Denis auprès de la Compagnie des chemins de fer du Nord et ancien élève de l’École léniniste internationale de Moscou. C’est une union marquée par des convictions politiques et, en 1939, elle s’engage aussi au sein du Parti communiste, intégrant la cellule du quartier « Les Sables » et distribuant tracts sur les marchés du Blanc-Mesnil, au début de la Seconde Guerre mondiale.

Entre février et mars 1940, elle reprend ses activités grâce à Jeanine Marie Juteau, une camarade des Jeunes filles de France, qui lui fournit du matériel destiné à la propagande politique pro-soviétique. Parmi ces documents figurent une exemplaire de L’Avant-Garde daté des 1er et 15 janvier 1940, ainsi qu’un duplicateur Ronéo démonté et autres deux duplicateurs à rouleaux pour l’impression de tracts. Le 10 mars 1940, elle est arrêtée à Aubervilliers lors d’une distribution de tracts, surprise en compagnie de neuf autres militants communistes, dont la couple Eugène Cas et Renée Rihet. Internée à la prison de la Petite Roquette, lors de l’exode de juin 1940, elle est transférée par la police vichyste à Libourne, son mari envoyé comme prisonnier de guerre dans une fabrique de locomotives à Wuppertal en Allemagne. Sa mère, parlant couramment l’allemand, négocie avec les autorités ennemies et grâce à une somme d’argent prêtée, elle recouvre la liberté le 3 août 1940. Le 5 décembre 1940, le Tribunal militaire de Périgueux la condamne à la peine d’un an de prison et 500 francs d’amende, pour avoir repris contact avec les Parti communiste clandestin. Elle échappe pour deux fois à l’arrestation en 1941, trouvant refuge auprès de sa belle-mère à Choisy-le-Roi jusqu’en août 1943.

En 1943, le groupe FTP-Paris Sud de Joseph Epstein dit « Gilles » l’intègre comme agent de liaison connue sous le nom de Janine et avec la matricule 5433, puis elle participe aussi à la lutte clandestine avec des actions de ravitaillement et de transport d’armes auprès du Groupe Spécial d’Exécution (GSE), commandé par François Roeckel dit « Rageac » (alias « Vachette »). Dans ce groupe elle retrouve Eugène Cas dit « Maurice » et Renée Rihet dite « Yvette », ainsi que plusieurs autres membres : Paul Quillet dit « Arnoux », André Durand dit « Bruno » et Henri Haudelaine dit « Jarlac ». Elle est mise en contact avec le réseau Manouchian et, en septembre 1943, effectue sur le terrain des missions de renseignement pour le « Centre » dans la région A du Sud de Paris. Celles-ci concernent notamment l’agent de police Paland, inspecteur à Ivry-sur-Seine, responsable de l’arrestation de plusieurs militants communistes fusillés. Elles portent également sur un certain Demerval, habitant à Charenton, ainsi que sur l’agent de police Barraquin, autre inspecteur d’Ivry, qui subit par la suite une tentative d’assassinat par arme à feu.

En novembre 1943, alors qu'il est de garde à Bourg-la-Reine, les inspecteurs découvrent, lors d'une fouille, des enveloppes, des cartes d'alimentation et un ticket de métro comportant un contact téléphonique. Ces éléments compromettent son ami Morin ainsi que le chef du groupe Roeckel, qui seront fusillés. Son arrestation a alors lieu en même temps que ses camarades du GSE par les inspecteurs, Plancheneau et Vannerot qui la conduisent, le 11 décembre 1943, au service des BS2. Internée politique à Fresnes dans la cellule n° 210, comme Renée Rihet, elle est conduite vers les prisons de Fresnes, puis déportée sans jugement pour faits politiques à Lauban en Silésie, le 16 décembre 1943 (ou le 30 mai 1944, selon le dossier de Vincennes). Classée «NN», en attente de jugement, elle est transférée au camp de Ravensbrück en Allemagne, puis dans le Komando de Zwodau et à Graslitz en Tchécoslovaquie. Libérée par les troupes alliées le 7 mai 1945, elle est rapatriée et démobilisée en France à compter du 18, revenant « en taxi-ambulance » quelques jours avant son mari, qui la rejoint au Blanc-Mesnil. Lui sont reconnues huit infirmités donnant une pension et, malgré l’invalidité, elle reprend l’activité politique au sein du Parti communiste. Elue conseillère municipale au Blanc-Mesnil, elle milite à l’Amicale des déportés de Ravensbrück et à celle des FTPF-FFI, à la FNDIRP et à l’ARAC.

Médailles : Légion d’honneur ; Combattant Volontaire de la Résistance ; Déportation et Internement pour faits de Résistance ; Palmes Académiques.

Matricule FFI :

Mentions :

Sources : EC d’Ivry-sur-Seine, Acte de naissance, 1916, n° 111 ; EC du Blanc-Mesnil, acte de mariage, 1937, n° 36 ; ****AMBM, Fond du chômage, 35W24 ; SHD de Vincennes, GR16P50415 ; DCAJM, registre du tribunal de Périgueux ;  SHD de Caen, AC21P568416 ; APP, Dossiers épuration policiers des BS2, carton 28, KB 1 et KB 103 ; Archives de Châtellerault, non côté ; Livre-Mémorial dans http://www.bddm.org ; Nadia DE ALMEIDA, « Ni oubli, ni haine » dans Le Mensuel, 48, avril 1995, p. 14-16 (témoignages d’Odette Delgrange et William Mairesse) ; J.-P. BESSE, G. LARUE, Ad vocem dans maitron.fr, version mise en ligne le 3 janvier 2011, dernière modification le 9 octobre 2014 ; G. LARUE, « Soldats de l’Ombre », fichier au AMBM du 30.01.2014, dernière modification le 05.02.2014.

Identifiant unique : IFH-93007_BIO-XXXX

Date de mise en ligne : 17 juin 2025 ****