Chauny 14.10.1901 – Auschwitz-Birkenau 31.12.1942
Boucher, syndicaliste CGT aux Abattoirs de La Villette et conseiller municipal au Blanc-Mesnil. Arrêté à son domicile à l’âge de 40 ans, puis déporté. Il décède au camp d’Auschwitz.
Fils de Léopold Eugène A. et d’Eugénie Chatelain, exerçant tous deux la profession de manouvrier. Venu travailler à Paris comme boucher aux abattoirs de La Villette, Marcel effectue son service militaire au 11e régiment de dragons du 1er avril 1921 à mai 1923. Après le divorce de ses parents, Marcel Alizard habite un temps avec sa mère avenue Jean-Jaurès à Paris, puis, en 1921, ils s’installent chez le compagnon de celle-ci, rue Albert-Georges, face à l’entrée des garçons des nouvelles écoles du Blanc-Mesnil, groupe scolaire en bois dit « La Justice ». Le 19 avril 1924, il épouse à Paris XVIIIe Henriette Palliart, couturière fille d’un fleuriste, avec laquelle aura deux fils, Henri et Georges.Il devient membre du secrétariat de la section syndicale CGT des travailleurs de l’industrie de la viande de La Villette et du Parti communiste, pour lequel il réalise des dessins de propagande. En 1929, il est élu conseiller municipal communiste et il est dirigeant local du « Groupe d’amis » de L’Avenir Social, œuvre gérant l’orphelinat des syndicats de la CGT. A partir du 1933, il habite rue des Ormes et reste conseiller municipal avec une délégation à l’Aide sociale et à la Solidarité de 1935 jusqu’au début d’octobre 1939, date de sa révocation par la commission préfectorale, consécutive à la dissolution du PCF par le décret Daladier (décret-loi, 26 septembre 1939).
À la mobilisation de la Seconde Guerre mondiale, il passe à la classe 1917 en tant que père de deux enfants et rentre dans ses foyers. En 1940, la diffusion de tracts dans son secteur de résidence conduit la préfecture de Seine-et-Oise à proposer son internement, ainsi que celui de trois autres anciens militants communistes du Blanc-Mesnil (Pierre QUÉMENER, [Georges ?] BRIGANT et [Lucien ?] FARCY ). Le 24 novembre 1940, le préfet de Seine-et-Oise, Marc Chevalier, signe alors un arrêté d’assignation à résidence sur le territoire de la commune de domicile de plusieurs « individus dangereux pour la Défense nationale et la sécurité publique » (en application du décret Daladier). Le 18 janvier 1941, il est enfin arrêté à son domicile en présence de son épouse et de ses enfants par la brigade politique du commissaire Georges Betchen. Dans le cadre d’une vaste rafle anticommuniste ordonnée par le régime de Vichy, il est accusé de tentative de reconstitution du PCF.
Placé en détention avec vingt-quatre autres militants, il est transféré au camp d’Aincourt, ancien sanatorium de La Bucaille reconverti en Centre de Séjour Surveillé (CSS) et premier camp d’internement pour communistes en France. Selon une note de la direction du centre, il se fait remarquer par « par son ardeur à défendre les doctrines de la IIIe Internationale **» et il est décrit comme « l’un des propagandistes des meneurs du centre ». Le 27 juin 1941, il est remis aux autorités d’occupation avec 87 autres internés d’Aincourt, qui sont conduits à l’Hôtel Matignon à Paris, siège de la Geheime Feldpolizei, et **transférés d’abord au Fort de Romainville, puis, via la gare du Bourget, au camp allemand de Royallieu à Compiègne, administré par la Wehrmacht et destiné à l’internement des « ennemis actifs du Reich ». Il est ensuite déporté avec Yves CARIOU au nom de la lutte contre le ‘judéo-bolchevisme’ pour être soumis aux travaux forcés au camp d’Auschwitz dans le « convoi des 45 000 » du 6 juillet 1942, composé principalement d'otages, militants communistes et juifs.
Il y décède avec le matricule n° 45163, à l’âge de 41 ans, avec la mention « Katolisch » portée sur son certificat de décès.
Mentions : « Mort pour la France », du 02.10.1947 ; Inscription lapidaire « À la mémoire des Blanc-Mesnilois internés et déportés, victimes de la barbarie nazie. Ici reposent les cendres des martyrs morts dans les camps hitlériens », Carré militaire du cimetière communal du Blanc-Mesnil ; Plaque commémorative Personnel communal, Hall de la mairie du Blanc-Mesnil ; « Mort en déportation », arrêté du 24.03.1987 ; Avenue Marcel Alizard, délibération du CM, le 06.12.1945 ; Cité Marcel Alizard, années 1970 ;
Sources : EC de Chauny, 1901, acte de naissance n° 534 ; EC de Paris XVIIIe, 1924, acte de mariage n° 1031 ; AMBM, Fond Municipal de Chômage, 203W4 ; EC de Blanc-Mesnil, XXX, acte de décès n° XXX ; SHD de Vincennes, GR 16 P 9241 ; SHD de Caen, AC 21 P 417545 ; AD 78, 1W16, 1W69, 1W77, 1W80, 1W84 et 1W277 ; APP, BA 2374, liste des 88 internés d’Aincourt domiciliés en de Seine-et-Oise et liste internés de Seine-et-Oise ayant quitté le centre d’Aincourt ; Livre Mémorial des Déportés de France, Musée d’Étatd’Auschwitz-Birkenau 1995, tome 1, p. 42 ; E. BOUIN, Aincourt, Premier camp d’internement des communistes en zone occupée (1940-1942), Mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines 2003 ; Ad vocem dans memorialgenweb.org, 2004, relevé de M. Diot Oury n° 23187, 19481 et d’A. Claudeville n° 5944 ; M. HOUSSIN, Résistantes et résistants, 2004, p. 105 ; C. CARDON-HAMET, Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45 000 », Paris 2005, p. 355, 384 et 396 ; ID., Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », Paris 1997, p. 255-257 ; ID., « **Transport parti de Compiègne le 6 juillet 1942 ****» ****dans bddm.org, 30 juillet 2008 ; ID., Ad vocem dans deportes-politiques-auschwitz.fr, 2010 ; Ad vocem dans memoirevive.org, 2014.
Identifiant unique : IFH-93007_BIO-XXXX
Date de mise en ligne : 12 juin 2025 ****
Dernière mise à jour : 16 juin 2025 ****